MANIFESTATION CONTRE
LA VENTE AUX ENCHERES DES LOGEMENTS POPULAIRES
Mercredi 18 Février à 9H30, les habitants ainsi que les leur comités de soutien des quartiers populaires se sont rassemblés devant le siège de l’ALER où avaient lieu des enchères proposant la vente de 94 logements populaires. L’ALER, entreprise lombarde de construction résidentielle en possession et en charge des logements populaires, surendettée, a décidé de vendre son patrimoine résidentiel public. La situation est la suivante : les habitants de logements sociaux, vivant et payant leur loyer depuis des années reçoivent actuellement des lettres de l’ALER leur « proposant » l’achat du logement qu’ils habitent.
En effet, l’entreprise, pour rembourser les millions d’euros de dettes engendrées, notamment par son épouvantable gestion du patrimoine ainsi que par certains abus de ses propres dirigeants, a mis en vente 10.000 logements aux prix allant de 60.000 à 160.000 euros.
Evidemment, ce ne sont pas les habitants ni les millions de personnes en situation d’urgence habitative à Milan qui peuvent se permettre l’achat d’un appartement.
Ce seront donc, et comme souvent dans ce cas là, les banques ou les spéculateurs immobiliers qui investiront pour leur propre compte dans ce patrimoine public.
Notons par ailleurs que (et le cas espagnol actuel est un très bon exemple) certaines familles, dans la peur de se retrouver à la rue, tenteront d’emprunter auprès des banques pour acheter leur logement. Cependant, si elles n’arrivent pas à rembourser au fil du temps, ce seront ces mêmes banques qui récupèreront à la fois l’argent déjà remboursé, et le logement lui-même d’où les familles seront expulsées faute de paiement. Autrement dit, ces familles de classe populaire, se retrouveront piégées par les mécanismes financiers qui contrôlent désormais le marché immobilier et le développement urbain de nos villes.
Les habitants qui ne peuvent ou ne veulent pas acheter se retrouvent alors face à la seconde solution proposée par ALER : être transférés ailleurs. Cela signifie déraciner les habitants de leur contexte social, leur enlever leur relations humaines construites au fur et à mesure des années ainsi que leurs repères de vie. Cela signifie également envoyer les plus précaires toujours plus loin du centre ville, toujours plus aux marges de la ville suivant parfaitement en cela les processus actuels de gentrification.
Il s’agit ici d’une réelle forme de migration forcée. Cela dans le but évident de faire de Milan une « métropole vitrine », aseptisée et normalisée, uniquement accessible au citoyen consommateur…
Après la tentative échouée cet automne d’expulser des familles dans le quartier populaire de San Siro, tentative contrée et bloquée grâce à la solidarité et à la détermination des habitants, nous comprenons enfin clairement et simplement l’objectif de l’ALER, supporté d’ailleurs par une impitoyable campagne médiatique qui agit depuis plusieurs mois. En effet, la logique adoptée est celle de vendre les logements, démanteler les quartiers populaires et envoyer leurs populations encore plus loin, puisque ces quartiers ne sont plus périphériques aujourd’hui. Mais aussi spéculer sur les biens publics qui devraient garantir des droits aux habitants mais deviennent au contraire perçus comme une source de profit par ceux qui en ont la gestion.
Les polémiques de cet automne ont mis en évidence le nombre important d’habitants en conditions d’urgence habitative alors même que l’ALER conserve 10.000 logements disponibles. Les scandales continus de l’ALER au sujet de ses dettes ont permis d’accélérer le « plan régional d’assainissement » qui n’est rien d’autre qu’un gigantesque plan de ventes immobilières. Soit 6.700 logements publics mis en vente, à un prix moyen estimé à 70.000 euros chacun, soit un prix inférieur à celui du marché mais qui reste de toute manière inaccessible pour les familles qui y vivent.
L’intention de démanteler le quartier populaire de San Siro, s’intègre parfaitement aux processus de développement urbain qui dictent le marché et visent à exposer Milan comme une ville vitrine totalement dépourvue d’âme et d’identité citoyenne. Ajoutons de plus à ces facteurs, les diverses corruptions ainsi que les pots de vin prévalant la gestion de l’ALER.
Comme énoncé, l’entreprise ALER est en train de « crouler » sous un amoncèlement de dettes exubérantes. En dépit des crédits, des prêts et des mutuelles contractés par l’ALER, les immeubles dont elle est propriétaire restent gérés dans des conditions pitoyables (on compte au moins 29.000 unités d’habitation à risques, chutes de revêtements, intoxication au monoxyde de carbone etc.).
Les scandales continuent à s’enchainer notamment avec la présence de riches millionnaires au sein de l’entreprise (système de faveurs et de pistons, embauches de consultants excessivement rémunérés) mais aussi à cause d’appels d’offre ne suivant pas les normatives (par exemple sans concurrence réelle, garantissant à l’ALER la main mise sur le marché et donc des entrées de millions d’euros) pour la construction et la gestion de logements.
Par ailleurs L’ALER procède a des expulsions très discutables, durant lesquelles elle entre dans les logements pour y détruire les sanitaires, les tuyaux, les meubles, et condamne les portes d’entrée laissant ainsi des logements vides et chauffés pendant des dizaines d’années.
Ainsi, la vente de logements, incitée par le récent Piano Casa à l’article 3, devient un business ultime pour continuer à spéculer, en vendant le patrimoine aux locataires ou encore mieux aux banques qui viseront à accorde des prêts aux « ex locataires ».
Les comités, les collectifs, les habitantes et les habitants s’organisent pour contrer cette injustice sociale et de manière générale pour lutter contre les divers processus d’éradication des quartiers populaires.
Ce matin, on voit apparaitre devant le siège de l’ALER des banderoles marquant l’opposition aux ventes de logements ainsi que des rappels à la manifestation en date du 31 mars 2015, date ultime pour faire une proposition d’achat de logement. Nous continuerons à répéter « Stop aux logements sans personnes, stop aux personnes sans logement » jusqu’à cette échéance.
Nous répétons aussi notre volonté de faire arrêter tous types d’expulsions et d’entreprendre les assignations de logements vides, libres et d’urgence pour les plus démunis.